humour : Portraits de Salseros
LE MILIEU SALSA REGORGE DE STÉRÉOTYPES. VOICI LE PORTRAIT DE QUELQUES-UNS PARMI LES PLUS PITTORESQUES
par Jack « El Oso »
Toute ressemblence avec des personnages existants est une pure coïncidence. Cet article est à but strictement humoristique et ne vise à offenser personne. Si vous vous reconnaissez dans l’un des personnages décrits, l’association ne peut donc être que le fruit de votre imagination.
Le Touriste
Le touriste est par définition totalement étranger à la Salsa. Il ne faut pas pour autant le confondre avec le débutant : en effet, contrairement à ce dernier, le touriste ne cherche en aucun cas à apprendre à danser, et ne s’intéresse absolument pas à la musique. Il se contente de se trémousser sur la piste de danse, généralement de façon quelque peu désarticulée et sans aucun égard pour le tempo, soit seul, soit avec une partenaire qu’il envoie violemment de tous les cotés. Le touriste est pour cette raison souvent détesté des danseurs, qui déjà à l’étroit sur les pistes parisiennes, se prennent des coups et se font marcher sur les pieds. Le touriste est d’autant plus dangereux qu’il danse, enfin, il bouge sur la piste de danse avec un verre voire une cigarette à la main, pouvant ainsi blesser les danseurs évoluant autour de lui. Certains touristes poussent le vice jusqu’à harceler le DJ pour qu’il mette « Oye cómo va » et « Guantanamera ». Contrairement au danseur, le touriste consomme abondamment toutes sortes de boissons alcoolisées, ce qui rend ses mouvements sur la piste encore plus imprévisibles, mais contribue à la sympathie que lui porte le gérant de boite de nuit (voir « Gargamel » dans Portraits de salseros II). Certains établissements se spécialisent ainsi dans la clientèle touristique. Pour résumer, le touriste est un visiteur pour le moins désagréable, qui va à la Salsa comme on va au Club Med, à la recherche de dépaysement et avec un mépris manifeste pour la culture locale.
Les Dents de la Mer
Ce spécimen, également connu sous le nom de Tiburón (requin) en Espagnol, doit cette appellation à la finalité de sa présence dans les soirées Salsa, ainsi qu’à la voracité dont il fait preuve. On remarque le Tiburón à son entrée dans la salle au fait qu’il se comporte exactement comme s’il était propriétaire des lieux, ainsi qu’aux chaleureuses salutations dont il gratifie tous ceux (et surtout celles) qu’il connaît de vue, tout en ayant l’air de se dire « mon Dieu, que je suis populaire ». Une fois ce cérémonial accompli, le Tiburón commence à tourner dans la salle à la recherche d’une proie. Celle-ci se révèle souvent être une jeune fille soit étrangère au milieu, soit récemment arrivée dans ce dernier. Une fois cette dernière repérée, le Tiburón l’invite à danser. Quelque soit le type de musique, il l’entraîne alors dans le plus langoureux des Zouk Love que l’on puisse imaginer. Cela ne signifie pas que le Tiburón ne sache pas danser : j’en ai vu moi-même danser tout à fait correctement avec des danseuses confirmées. Cela fait juste partie de sa parade nuptiale. Au cours de la danse, qui selon la résistance de la proie, peut prendre plusieurs morceaux, le Tiburón commence à dévorer celle-ci, commençant généralement par la bouche, mais pouvant également lui baver dans le cou voire lui lécher l’oreille, au grand dégoût des danseurs environnants. Le Tiburón finit généralement son festin en privé, après que la proie consentante l’ait laissé se livrer à des attouchements que je ne saurais évoquer ici sans verser dans le XXX. Il est intéressant de remarquer que le Tiburón change de proie au quotidien, et qu’il ne s’attaque pour ainsi dire jamais deux fois à la même, sauf dans le cas du Tiburón étourdi.
Le Maestro
Comme son nom l’indique, le Maestro est un maître. En effet, si on lui pose la question, le Maestro vous avouera en toute modestie être un des meilleurs danseurs de la région. Curieusement, lorsqu’il danse, cela ne se voit pas, mais alors pas DU TOUT. Mais il ne faut pas se fier à l’avis du grand public. Les meilleurs danseurs, ce ne sont pas ceux qui se remarquent le plus. Le Maestro étant un très, très bon danseur, il maîtrise toutes les danses ; cela lui confère le droit de juger tous les danseurs, dans tous les styles, qui sont certes bien gentils, mais aucun ne lui arrive à la cheville. Etant un maître, le Maestro donne des cours, le plus souvent en plein milieu d’une soirée, lorsque sa malheureuse partenaire n’a pas effectué le mouvement exact que l’impeccable guidage du Maestro lui indiquait. Etant très, très fort, il se trouve que le Maestro ne trouve aucune partenaire qui possède un niveau lui permettant d’effectuer exactement ce que l’impeccable guidage du Maestro lui indique. Ce qui force le Maestro à s’arrêter très souvent au milieu d’une danse pour éclairer sa danseuse sur la passe qu’il était en train de faire. Mais après tout, il sait de quoi il parle, puisque si l’on prend la peine de l’écouter parler, on se rend compte qu’en fait, la Salsa, c’est lui qui l’a inventée. Contrairement à la plupart des gens, qui sont dans la Salsa pour faire la fête et s’amuser entre amis, le Maestro y est pour la compétition, donc pour savoir qui est le meilleur ; mais je ne vous apprendrai rien en vous disant qu’en fait, le meilleur… c’est lui.
La Tornade
On repère facilement ce personnage dans une soirée Salsa : en effet, même dans les soirées les plus bondées, lorsqu’elle danse, comme par magie, le vide se fait autour d’elle. C’est que tout le monde la connaît, et ceux et celles qui n’ont pas ce plaisir comprennent bien vite, et après s’être pris deux ou trois fois son talon, son coude, voire même sa main dans la figure, ils vont vite danser ailleurs. La Tornade, par ailleurs, ne s’excuse jamais : bien au contraire, lorsqu’elle heurte quelqu’un dans sa course… euh… dans sa danse, pardon, elle le regarde d’un air agacé, l’air de dire « pourriez pas vous pousser, non ? » On a certes tous besoin d’un espace vital minimal pour danser, sinon, on se retrouve à faire de la Salsa minimaliste ; eh bien elle aussi, à la différence près que son espace vital, c’est 10m2. On pourrait penser que pour être à l’abri, il suffit de danser avec elle… eh bien non : déjà, au milieu de la chanson, on a des crampes au bras gauche, tellement elle tire dessus lorsqu’elle se jette en arrière toutes les trois mesures, et il n’est pas rare de se voir gratifier d’un coup de coude dans le nez, au passage, voire de se faire un tour de reins en essayant de la rattraper dans un de ces spectaculaires renversés dans lesquelles elle se jette elle-même. Comment ? Une deuxième danse ? Non, merci, j’aime pas trop ce morceau, en fait.
Monsieur Je-sors-d’un-cours-de-danse
Comme son nom l’indique, ce personnage se rencontre principalement dans les cours de danse. Dans TOUS les cours de danse. En effet, il est ou a été l’élève assidu de tous les professeurs de Salsa de la région, et continue de prendre des cours très régulièrement avec les profs les plus en vue du moment. Curieusement, ça ne le rend pas particulièrement bon danseur, mais on peut compter sur lui pour vous sortir la dernière passe ou le dernier jeu de jambes qu’il a appris. Il ira même jusqu’à l’apprendre à qui veut en plein milieu d’une soirée. Monsieur Je-sors-d’un-cours-de-danse a par ailleurs toujours l’air de sortir d’un cours de danse, y compris lorsqu’il est en train de danser sur le morceau le plus entraînant du moment : calme et méthodique, il aligne passe sur passe comme qui récite un texte appris par cœur, sans une once de spontanéité, alors que tout le monde s’éclate autour de lui et la fiesta bat son plein. C’est cependant un personnage qui attire la sympathie 1) des autres Salseros, qui admirent son acharnement et sa patience ; 2) des profs de danse, pour une raison que je vous laisse deviner.
Le Danseur Fou
Le Danseur Fou est à la piste de danse ce que les montagnes russes sont au parc d’attraction ; en d’autres termes, mesdemoiselles, accrochez vous. Dès le début du morceau, et quelque soit le tempo de ce dernier, le Danseur Fou vous entraîne dans une succession de passes endiablées, assorties de nombreux triples voire quadruples tours, et de spectaculaires renversés à des moments pour le moins incongrus par rapport à la musique. Si par malheur, vous arrivez à suivre un tant soit peu son guidage imprévisible et approximatif, vous n’êtes pas au bout de vos peines : le Danseur Fou, comprenant qu’il a affaire à une bonne danseuse, se lance dans les passes acrobatiques, ce qui met en danger outre la danseuse, les gens dansant dans un rayon de 5 mètres autour de lui. Une fois le morceau terminé, le Danseur Fou remercie d’un air triomphant sa danseuse exténuée, et se dirige sans attendre vers sa prochaine victime, car pour une raison qu’il n’a jamais pu élucider, aucune danseuse n’a jamais accepté une seconde danse avec lui. Tout comme le Maestro, le Danseur Fou ne trouve jamais de partenaire à son niveau et attribue cela au fait qu’il est vraiment très, très fort. Cela dit, contrairement au Maestro, il n’enseigne pas, et garde même jalousement le secret de ses passes incroyablement complexes qui paraissent sorties droit d’un manuel de Judo.
Le Binôme
Comme le terme l’indique, le binôme est constitué de deux individus, généralement femme et homme. Le binôme est dans la plupart des cas un couple dans la vie « normale », et se rend dans les soirées Salsa dans le but de danser… l’un avec l’autre. Et avec personne d’autre. Donc, de leur arrivée dans la soirée jusqu’à leur départ, les deux composantes du binôme dansent ensemble, s’assoient ensemble, boivent ensemble, et re-dansent ensemble. Restant en permanence collés l’un à l’autre, ils laissent apparaître clairement à tout le monde qu’il serait fort indécent d’inviter l’un des deux à danser, et si par le plus pur des hasards quelque inconscient ose proposer une danse à l’un ou l’autre, il se voit systématiquement gratifier d’un refus sec de l’individu objet de l’invitation, et se fait fusiller du regard par l’autre composante du binôme. Les toilettes n’étant malheureusement pas mixtes, il peut arriver que le binôme ait à se séparer pour quelques minutes au cours de la soirée. C’est là la seule véritable chance que vous ayez de parvenir à danser avec une des deux parties du binôme, bien que vous risquez fort d’essuyer un refus pur et simple. Si par miracle, il ou elle accepte, c’est la scène de ménage garantie au retour de l’autre partie. En résumé, pour le binôme, la Salsa est une danse de couple. Leur couple.
Le Roi de la Piste
Paradoxalement, le Roi de la Piste ne danse que très rarement sur la piste. En effet, celle-ci est trop souvent encombrée de couples qui, s’ils ne le gênent pas dans ses déplacements, empêchent tout le monde de le voir à l’œuvre. Le Roi de la Piste danse donc généralement ailleurs, de préférence dans un endroit bien éclairé, type à côté du bar, où il a toute la place qu’il faut pour briller aux yeux des autres Salseros ébahis. Le Roi de la Piste est dans la plupart des cas plutôt un bon danseur, qui se distingue des autres bons danseurs par le fait qu’il ne trouve pas le plaisir dans la danse elle-même, mais dans le fait que tout le monde le regarde. Sa danse se résume ainsi souvent à une accumulation d’exploits techniques et de passes spectaculaires, le tout effectué sans un regard pour sa danseuse, qu’il gratifie quand même de temps à autre d’un sourire à la Tom Cruise. Le Roi de la Piste ne se déplace jamais sans sa cour, constituée de danseurs et danseuses qui se la pètent aussi, mais pas autant que lui. Lorsque le Roi de la Piste danse, son fan-club l’entoure, et salue chaque prouesse technique par des sifflements, des ooooh, et des aaaaah. Ce cérémonial se répète ainsi toute la soirée, les danseurs de la cour du Roi de la Piste ayant droit à leur minute de gloire chacun à son tour, le reste du groupe commentant la finition de telle ou telle passe, et accompagnant les moments forts de chaque danse de divers bruitages. Le Roi de la Piste ne manque pas de récompenser ses danseurs en leur tapant dans les mains, voire sur l’épaule. Enfin, le Roi de la Piste ne danse pas avec n’importe qui : en fait, il ne danse qu’avec les danseuses de sa caste, ou bien avec celles susceptibles de passer à la casserole, auquel cas il danse plutôt sur la piste, et sa cour s’éclipse soudainement. En bon souverain de droit divin, sa côte de popularité bât de l’aile dès que l’on sort de sa cour. Heureusement, la piste ne connaît pas de révolutions.
Le Salsaholique
Le Salsaholique est un personnage fort commun au milieu Salsa. Alors que certains boivent, fument, ou se droguent, son truc à lui, c’est la Salsa. En effet, le Salsaholique ne vit que pour la Salsa. Lorsque vous discutez avec lui, il ne vous parle que de ça, et semble s’ennuyer dès que la conversation dévie sur d’autres rails. En se levant le matin, il écoute de la Salsa pour se réveiller, puis va à son travail avec la Salsa à fond dans sa voiture. Toute la journée, il réfléchit à l’endroit ou il va danser ce soir, et dans le cas du Salsaholique élégant, à ce qu’il va se mettre. Depuis son travail, il se connecte à des sites Internet parlant de Salsa, commande des CDs de Salsa sur www.tuveuxdelasalsabenenvla.com, et appelle ses amis Salseros pour discuter du dernier album de José Alberto « El Canario ». Il va bien entendu danser tous les soirs, et si par malheur il n’y a pas ou danser, il passe ces soirées là avec des amis Salseros à regarder des DVDs de Salsa, ou à discuter sur la meilleure façon de danser la Salsa. Faut il danser sur le « 1 », ou sur le « 2’’ ? That is the question. Il ne rate bien entendu jamais son cours de Salsa hebdomadaire, et est au courant de tout, j’ai bien dit TOUT ce qui se passe au niveau Salsa dans la région. Il se déplace d’ailleurs régulièrement dans d’autres pays pour un congrès ou autre festival, dans lesquels ils rencontre d’autres Salsaholiques comme lui. Lorsque vous montez dans sa voiture, après toute une soirée passée dans un club de Salsa, il s’empresse de mettre un CD de Salsa dans le lecteur, histoire de combler cet insupportable silence. Il arrive néanmoins que le Salsaholique sature. A force de n’écouter que de la Salsa, ça devait arriver, me direz-vous. Alors, pendent quelques heures, il fait un break, et il écoute….. de la Bachata.
Le Boulet
Autre personnage fort commun dans le milieu. Certain(e)s Salsero(a)s, pour la plupart Salsoliques notoires, ont la particularité d’être « casés », j’entends par là engagés dans une relation sérieuse, avec quelqu’un qui ne partage pas, mais alors pas DU TOUT leur passion. Le Boulet, c’est donc le conjoint. Malheur. Pendent que l’autre danse avec tout le monde, s’éclate, rit, le Boulet reste dans un coin, généralement accoudé au bar, en tirant une tête jusque par terre. En plein milieu de la soirée, alors que la fête bat son plein, le Boulet est fatigué et veut rentrer. Comme par hasard, c’est juste à ce moment là que l’on met le morceau préféré du / de la Salsaholique, qui s’en va frustré(e) au possible. Engueulade garantie. Certains Boulets finissent par rester chez eux, voire sortir avec leurs amis à eux. D’autres essayent de se mettre à la Salsa, prennent des cours en niveau débutant alors que leur partenaire est chez les avancés. Le Boulet n’est pas doué, son / sa partenaire s’ennuie ferme en dansant avec, bref ça ne marche pas. Et re-engueulade garantie. Certains Salsaholiques semblent s’entêter à ne sortir qu’avec des Boulets, et sont donc éternellement malheureux en amour. D’autres découvrent la Salsa alors qu’ils sont déjà « casés », et leur partenaire devient un Boulet par la force des choses. Dans tous les cas, pour l’un comme pour l’autre, c’est tragique. La Salsa, c’est bien, mais sachez que cela brise des ménages. Snif.
Le Petit Vieux
Vous le connaissez tous, ne serait-ce que de vue. Personne ne sait vraiment son âge, mais il a certainement la soixantaine bien entamée. On a beau dire que la Salsa, c’est pour les jeunes de 7 à 77 ans, ça fait toujours drôle de le voir dans une foule qui a, pour la plupart, entre 20 et 30 ans. C’est généralement un danseur plutôt moyen, mais ça ne le décourage pas pour autant. On le croise dans TOUTES les soirées Salsa, et il danse avec tout le monde. A le voir, on vacille entre l’amusement et l’admiration. Mais quelque part, on voudrait tous être comme lui, à cet âge là.
Radio Bemba
Personnage équivalant à celui que l’on appellerait, dans la vie « normale », Radio Trottoir. Présente à toutes les soirées Salsa, elle passe le plus clair de son temps à commenter la vie des autres composantes du milieu Salsa. Elle connaît ainsi par cœur la liste des proies du Tiburón, les déboires du Boulet de service, les circonstances entourant la dernière engueulade du binôme, et elle a même remarqué ce Zouk TRES Kolé Séré que vous, oui, vous, lecteur de SalsaFrance, avez dansé avec cette jeune fille blonde au décolleté plongeant. Elle s’est bien entendu empressée de le raconter à tout le monde. Avec elle, attention à ce que vous dites : la remarque la plus innocente de votre part pourrait lui laisser entendre bien plus que vous ne pouvez l’imaginer. Ainsi, faites lui un compliment sur sa robe de ce soir, et vous risquez fort d’apprendre le lendemain que vous lui avez fait des propositions indécentes.
Le Boys Band
Vous pensiez, comme moi, que la Salsa était une danse de couple. Eh bien vous avez tort. Le Boys Band en est la preuve vivante. En effet, même s’il arrive aux membres du Boys Band de danser en couple, ils le font de mauvaise grâce, car pour eux, LEUR salsa ce n’est pas ça. Consititué au minimum de trois membres, le Boys Band danse en ligne, en exécutant une chorégraphie des plus rudimentaires, assortie de coups de hanches et autres gesticulations sorties tout droit d’un cours d’aérobic, ce qui va d’ailleurs fort bien avec leur accoutrement. Le Boys Band danse bien entendu pour un public, généralement constitué d’un mélange de touristes et de jeunes filles redoublant leur Terminale, et pour être mieux vu, il se produit en bord de piste, voire même à côté du bar, empiétant allègrement sur les plates-bandes du Roi de la Piste, qui les déteste donc cordialement. Dans certains clubs à forte coloration touristique, les gérants vont jusqu’à payer un Boys Band pour entrainer les troupeaux de touristes fréquentant leurs locaux dans l’exécution collective de leur chef d’œuvre chorégraphique, sur Follow the leader ou autre Carnavalera du moment. C’est ainsi que certains professeurs de danse voient débarquer dans leur cours des gens ébahis d’avoir découvert que la Salsa se dansait à deux. Incroyable, dites-vous ? Mais c’est qu’ils sont très forts, nos amis du Boys Band : ils vont même jusqu’à persuader régulièrement des jeunes filles que la Salsa, ça se danse en position horizontale…
Le Dieu de la Danse
Le Dieu de la Danse, contrairement à ce que l’on pourrait croire, n’est pas un bon danseur. En fait, ce n’est pas un danseur du tout. En effet, n’est divinité que celui qui a des croyants ; pas besoin de savoir danser pour cela. Je m’explique : messieurs, allez dans un des établissements « Salsa » situés sur les Champs Elysées, un samedi soir. Attendez deux ou trois heures, le temps que le DJ mette une Salsa, et invitez votre partenaire (que vous aurez pris le soin d’emmener avec vous) à danser. Faites un petit pas de base. Voilà, comme ça. Et maintenant, faites lui faire un tour. Lentement. Bien. Maintenant, continuez votre pas de base, et refaites-lui faire un tour, dans l’autre sens. Stop ! Voilà. Félicitations, vous êtes désormais un Dieu de la Danse. Mais SI, regardez autour de vous : voyez ces yeux écarquillés, ces visages émerveillés, et ce jeune banquier qui dit à son collègue de bureau « T’as vu ? Ils daaaaansent !!! » C.Q.F.D.
Le Dieu de la Danse fréquente donc exclusivement ce type d’établissement, car ailleurs il passerait pour un débutant pas très doué. Ces établissements étant fréquemment bondés, Le Dieu de la Danse est souvent obligé, pour attirer l’attention sur lui, de pousser des exclamations ressemblant fort à des aboiements, voire de taper du pied énergiquement sur la piste. Il attire bien entendu l’attention de tous, y compris des gérants des établissements concernés qui, connaisseurs de Salsa qu’ils sont, ont vite fait de le charger d’y donner des cours.
Il faut néanmoins louer les efforts du Dieu de la Danse, qui fait un formidable travail de vulgarisation de la Salsa auprès du grand public, presque autant que le film du même nom… dans lequel il a joué, bien entendu, claironne-t-il à qui veut l’entendre -on l’aperçoit entre deux pots de fleurs, au fond, pendent une demi-seconde… Moi, je dis que ça mérite un Oscar… de León.
L’organisme multicellulaire complexe
Comme ça, au premier abord, on dirait tout simplement un groupe d’amis qui sortent souvent ensemble. Mais observez-les bien : déjà, lorsque vous arrivez dans une soirée, et que vous voyez l’un d’eux, vous pouvez être sur que tous les autres sont là. Et ça ne rate jamais. Non seulement ils sortent tous ensemble, mais ils arrivent aumême moment, et partent en même temps. Et pendent la soirée, ils poussent le vice jusqu’à danser tous ensemble, en cercle, en faisant tous les mêmes mouvements au même moment, ce qui n’est qu’une preuve de plus de leur appartenance à un seul et même organisme.
On a du mal à les croire quand ils disent ne pas habiter tous ensemble, et des rumeurs folles circulent même sur leur vie intime. Comment ? Vous ne voyez pas ? Eh bien, imaginez-les tous en cercle, et l’un d’eux criant « ¡sesenta y nueve ! », et hop… Bref, voilà, ils font tout collectivement. D’ailleurs, si par un invraisemblable hasard, l’un d’entre eux est amené à sortir seul, il erre, perdu et solitaire, avec cet air terne et désemparé au fond des yeux. Seuls, ils n’existent plus. Ils n’existent qu’en groupe. Alors c’est ça, le Socialisme Tropical ?
Gargamel
Gargamel est ainsi nommé en raison de la sympathie qu’il inspire à tous, à l’instar du personnage de bande dessinée du même nom. Le Gargamel de la Salsa est soit propriétaire, soit gérant d’un établissement organisant des soirées Salsa. On pourrait croire que pour ce type d’activités, il faut avoir un minimum de sens du commerce et d’amabilité. DU TOUT. Voyez Gargamel : antipathique, sournois, radin, le sourire vicieux et l’oeil lubrique, arrogant avec la clientèle, terrorisant son personnel, il est l’antithèse de tout ce que la Salsa véhicule comme esprit. Il faut dire qu’il s’y connaît autant en Salsa que moi en paléantologie du Jurassique. Dinosaure des boites de nuits parisiennes, Gargamel a d’ailleurs accueilli toutes sortes de soirées dans son établissement, en fonction de la tendence du moment, dans le seul et unique but de s’en mettre plein les poches le plus rapidement possible. La Salsa étant dans l’air du temps, il s’est mis à la Salsa. Ce qui ne l’empêche pas de faire de grands discours sur cette dernière, d’organiser des concours en s’invitant dans le jury, voire de suggérer des morceaux au DJ. Son personnel, sous-payé et humilié au quotidien, est las et irritable. D’ailleurs, Gargamel en change comme de chemise, mettant des gens à la rue au gré de ses humeurs et de ses histoires de c… Bref, voilà, Gargamel, c’est méchant du film. Et Zorro ? Ben on l’attend toujours.
Le Danseur-qui-ne-sourit-jamais
On le voit dans toutes les soirées salsa parce que la salsa il adore ça. Mais le problème c’est qu’ça s’voit pas : machoires serrées, sourcils froncés, rien à faire pour le dérider. Il enchaîne les passes sans la moindre conviction. La musique il ne la ressent pas, les paroles il ne les écoute pas, ses partenaires il ne les regarde pas… Quelques danseuses prenant pitié pour son air déprimé l’invitent à danser. Mais la plupart préfèrent l’éviter et inviter quelqu’un de plus gai…
La Star
La Star pourrait être une vraie star, car elle danse bien. Pourtant, ne la cherchez pas dans les troupes ou les spectacles : en vraie star, elle se fait rare. Oh certes, elle est courtisée par toutes ces troupes, mais ça ne l’intéresse pas, ils ont dû se faire une raison.
Contrairement au Roi de la Piste, la Star danse sur la piste car elle se plaît à croire qu’elle est tellement connue que les gens autour d’elle s’arrêteront de danser, ou se rapprocheront, pour l’admirer. Elle vérifie d’ailleurs que tout le monde la regarde dès qu’elle esquisse le premier pas de base, et à la fin de chaque mesure.
La Star ne regarde pas son partenaire, elle regarde son public. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’elle entame une conversation avec des admirateurs restés sur le bord de la piste sans plus se préoccuper de son partenaire, qu’elle laisse guider de façon détachée, genre « je maîtrise tellement ».
La star ne sourit pas non plus – elle cultive son mystère et elle est consciente de son rôle et de sa position.
Si vous avez osé l’approcher, timide, pour la complimenter et lui demander où elle a pris ses cours, elle acceptera peut-être vos éloges en vous gratifiant d’un sourire condescendant, vous expliquera que chez elle, c’est inné, qu’elle a tout appris toute seule en quelques semaines, et que la plupart des autres danseuses la copient.
Mais ne vous aventurez pas jusqu’à l’inviter à danser : la star ne danse qu’avec des danseurs ou danseuses de son niveau et ne se compromet pas avec des débutants ou même des intermédiaires. Elle choisit ses partenaires elle-même. Au cas où un impresario passerait juste à ce moment…
Auteur : Copacubana
La salsera fraîchement revenue de Cuba
Elle vient de passer plusieurs jours à Cuba où elle s’est complètement lâchée :là-bas, copiant les Cubaines, elle a laissé tout d’un coup tous ses complexes auvestiaire et a subitement découvert – qu’elle avait un derrière qui pouvait remuer aussi vite qu’un ventilateur,- qu’elle aimait boire le rhum pur,- qu’elle pouvait se faire des amis cubains (masculins bien sûr) à une rapidité stupéfiante.
Facile à reconnaître, elle ne parle que de Cuba depuis qu’elle est revenue en France, crie haut et fort que son séjour était génial (bien sûr elle ne parle pas des cucarachas (énormes cafards) qu’elle a rencontrés jusque dans sa valise, de la tourista qui l’a couchée 2 jours, des « SUAVE » qu’on lui a balancé à la figure quand elle se déchaînait sur la piste de danse…) et s’octroie le droit de donner des leçons à tous les danseurs de salsa français qu’elle rencontre.
Si vous la regardez danser un moment, vous la verrez certainement faire une tentative de tembleque ratée, devant un danseur ahuri (mais qu’est-ce qui lui prend, à ma danseuse ?).Enfin, elle tente désespérément d’attirer l’attention des danseurs cubains vivant à Paris, car elle aimerait bien danser avec eux et retrouver les sensations « de là-bas ».
Le Ruedamaniaque
Piste de danse bondée ou pas, le Ruedamanique veut faire une rueda.
Salsa colombienne, portoricaine, cubaine, africaine, japonaise… peu lui importe,pour le Ruedamaniaque toutes les musiques sont bonnes pour une rueda.
Dès que la musique démarre, le Ruedamaniaque va racoler quelques amis pour former une rueda, et même si les-dits amis préfèreraient danser tranquillement en couple, il va insister jusqu’à ce qu’ils cèdent.
Bien sûr, le Ruedamaniaque décide que c’est lui qui conduira la rueda. Il commence à lancer des noms de figures que personne ne connaît; peu lui importe, il danse mais maugrée parce que les autres n’ont pas suivi (il leur dit même : vous n’aviez qu’à me regarder et faire pareil !). Avec agacement, il est obligé de faire plusieurs pas de base casino en attendant que les autres le rattrappent.
Il annonce une figure dont il se rappelle le nom… mais plus les pas ! Là, troublé, il annonce 4 fois de suite un « enchufla doble » car subitement l’inspiration lui manque. Il en vient même à sortir du rythme…
Puis il retrouve son inspiration. Subissant l’effet de sa libido, il annonce une série de yogurt, pancake, enchufla y tocame la pinga, bacunala…jusqu’à ce qu’il voie venir une danseuse » coincée « . Là il passe au » Dame « .
Vient le moment où il entend la fin de la chanson arriver. Pour conclure la rueda, il annonce fièrement un « sientala »… qui arrive deux mesures trop tôt. Il ne se démonte pas, car déjà s’enchaîne une autre salsa. Pas question de laisser partir les participants de la rueda, il se remet à annoncer des figures sans laisser aux autres le temps de souffler.
Vous l’avez compris, le Ruedamaniaque ne s’arrête jamais. N’entrez jamais dans sa rueda !
Le DJ salsero
Le DJ salsero est, comme son nom l’indique, DJ ET danseur de salsa. Et justement c’est là le hic, car il ne peut pas à la fois danser ET être aux consoles.Alors le DJ salsero ruse. Pour cela, 2 solutions s’offrent à lui :
– il reste aux consoles mais n’hésite pas à s’agiter tout seul dans sa cabine au son de ses musiques préférées, les écouteurs sur les oreilles (certains DJ salseros vont même jusqu’à chanter ou faire du playback). Les danseurs voient donc de loin une sorte d’extra-terrestre casqué qui s’agite dans un bocal en ouvrant la bouche.- il choisit des salsas qui durent 10 mn minimum. Il consacre la 1ère minute de la chanson au mixage, puis il va chercher une danseuse. Evidemment, comme la musique a démarré depuis un petit moment, les meilleures danseuses ont été prises d’assaut, donc son choix est limité.Il parvient à danser un moment, puis il abandonne sa danseuse, en général après lui avoir fait une bise ou un baise-main (*). Il lui reste alors 2 mn pour se dépêcher à choisir un autre disque et l’enchaîner avec celui qui est en train de passer.
(*) Le DJ salsero s’imagine en effet qu’à la bourse mondiale de la salsa féminine, un bisou est autant coté que 3 mn de salsa. Et là, il a tout faut…
Le Timide
Le Timide est un fana de salsa et sait danser. Mais son problème, c’est qu’il n’ose pas se lancer sur la piste.En général, le Timide arrive le premier à la soirée et choisit de s’asseoir dans un coin retiré, mais qui lui permet de bénéficier d’une bonne vue sur la piste. Lorsque les danseurs arrivent et commencent à « salser », le Timide reste là, béat, à les admirer, car forcément, pense-t-il, ils sont bien meilleurs que lui.Au bout de 2 heures passées à rester assis, le Timide craque : son envie de danser est finalement plus forte que sa timidité. Mais il va falloir qu’il invite une fille… Après avoir longuement hésité sur le choix d’une danseuse (il a d’ailleurs fait 5 fois le tour de la piste), le Timide se décide à en inviter une qui, pas de chance, lui dit non.Dépité, le Timide se rassoit. Une longue heure après, il tente sa chance auprès d’une autre fille qui cette fois lui dit oui. Tout surpris, il bafouille qu’il est en train d’apprendre à danser la salsa, qu’il n’a pas un grand niveau et qu’il ne connaît pas beaucoup de passes. Le Timide commence à danser en tremblant, et pendant toute la 1ère moitié de la danse, il n’arrive pas à faire autre chose que le pas de base.Enfin il se décide à faire une figure, mais bien sûr il se plante. Le Timide se confond en excuses, rouge de honte.La danse laborieusement terminée, le Timide remercie 20.000 fois sa danseuse d’avoir accepté de danser avec lui, qui n’est qu’un salsero nullissime, alors qu’elle, elle est une super-experte (et le Timide pense cela même si la danseuse est nulle).
Vous ne les trouvez pas attendrissants les salseros Timides ? Encourageons-les !
Le bon danseur gentil –
C’est le préféré de toutes les danseuses. Non seulement c’est un grand bonheur d’être guidée par lui, mais en plus il est super-sympa. Dès qu’il danse, un sourire lumineux apparaît sur son visage. Il est ADORABLE.
Le bon danseur gentil n’a jamais le droit de s’asseoir, même s’il est fatigué. Dès qu’il est seul et se dirige vers une chaise, il est immédiatement repéré par une danseuse qui vient l’inviter. Et comme il est gentil, il ne dira pas non à son invitation.
Le bon danseur gentil n’a jamais le droit non plus de choisir une danseuse qui lui plaît si celle-ci se trouve loin de lui. En effet, pendant le trajet qui va le rapprocher d’elle, le bon danseur gentil va immanquablement se faire « happer » par une autre danseuse (en générale moins douée que celle qu’il visait). Et comme il est gentil, il accepte.
Bref, comme vous pouvez le constater, la vie d’un salsero bon danseur et gentil n’est pas toujours rose…
L’Inconditionnelle Des Quais –
(par commodité, nous l’appellerons l’IDQ)
L’IDQ ne vit que l’été. La préoccupation majeure de sa semaine est de savoir si une soirée sur les quais sera organisée, et quel(s) jour(s) (De toutes façons, l’IDQ emporte toujours avec elle ses-chaussures-et-sa-jupe-qui-vont-bien-pour-danser, et sa bouteille d’eau, au cas où).
Première étape : l’IDQ consulte la météo de la semaine, afin de connaître ses chances. Si on n’annonce pas une température de – 20°, ni une tornade, ni une inondation, elle y croit ! Elle passe alors à la 2è étape.
2è étape : l’IDQ attend de recevoir un mail de Parissalsaquais ou de Dos con Dos (car bien sûr elle s’est inscrite AUX DEUX mailings-lists des quais). L’IDQ consulte quasi en temps réel sa boîte aux lettres électronique, et par sécurité, elle se connecte aussi sur ces deux sites, en opérant toutes les 15 mn un « refresh » de la page qui parle des quais.
3è étape si elle ne voit rien venir : l’IDQ téléphone plusieurs fois par jour à la boîte vocale de Dos con Dos ET à celle de Marco, au cas où les mailing-lists n’auraient pas fonctionné ou que les sites ne soient pas à jour.
4è étape : s’il fait beau, qu’il est 17 heures et que toujours rien n’est annoncé, L’IDQ lance un appel désespéré sur le forum Parissalsa ET sur le forum Parissalsaquai.
Supposons que l’IDQ sache enfin qu’il y a une soirée quai. Elle jubile… tout en espérant secrètement qu’il n’y aura pas trop de monde aussi malin qu’elle pour avoir déniché l’information (car les quais, c’est quand même mieux quand y’a pas foule).L’IDQ se rend sur les quais 15 mn avant l’heure officielle, pour être sûre de pouvoir se garer pile en face de l’arène.
Vient la soirée, c’est le nirvana. S’il pleut, pas de problème, l’IDQ continue de danser comme si de rien n’était (elle a trouvé un danseur aussi IDQ qu’elle).
A la fin de la soirée, l’IDQ remercie minimum 4 fois le DJ-organisateur (pour l’encourager… car elle espère bien qu’il remettra ça au plus vite).
L’IDQ rentre chez elle en se disant « A bas l’hiver ».
Le radin
C’est un principe chez lui : il ne dépensera pas le moindre centime pour danser la salsa.
D’abord, pour apprendre les bases de la salsa, il a fait tous les cours d’essais gratuits de toutes les écoles de danse de sa région.Une fois cette solution épuisée, il a appris par personne interposée, c’est-à-dire qu’il s’est lié d’amitié avec un élève très régulier d’un cours, et celui-ci lui apprend des passes en privé.
Il ne va danser que dans les endroits où l’entrée est libre et où ni vestiaire, ni boisson ne sont obligatoires. Il emmène sa bouteille d’eau dans son sac de sport et quand il a soif, il se planque dans un coin de la salle pour avaler furtivement une gorgée d’eau.Quand un de ses endroits préférés devient payant, il hurle son mécontentement sur le forum parissalsa… et ne remet jamais les pieds dans l’établissement en question.
Quand il va à la Coupole (100 F l’entrée), c’est parce qu’il a gagné une invitation gratuite avec Radio Latina ou Cityvox. Dès 22 heures il y est, et fait le pilier de bar pendant l’Happy Hour.
Le summum pour lui, ce sont les soirées sur les quais. Non seulement c’est gratuit, mais il peut boire les boissons apportées par les autres (bien sûr, lui n’en amène jamais).
Bref, si vous êtes un Gargamel, ne comptez pas sur lui pour faire prospérer vos affaires…
La Machine à Danser
La Machine à Danser danse la salsa tous les soirs de la semaine ; et le dimanche, si elle peut cumuler un après-midi ET une soirée de salsa, elle est contente.
Dès la 1ère seconde du 1er morceau de musique, avec ou sans danseur, la Machine à Danser se jette sur la piste et se donne à fond, comme si elle n’avait pas dansé depuis 10 ans.
La Machine à Danser enchaîne danse sur danse, même si la musique ne lui plaît pas. Si la piste est bondée, elle trouvera quand même 3 cm2 pour gigoter, quitte à jouer un peu des coudes.
Lorsqu’elle sent une toute petite fatigue venir, elle se vexe intérieurement et danse de plus belle. Non, ça, jamais la Machine à Danser n’ira s’asseoir, c’est une question d’amour-propre.
La Machine à Danser ne s’arrête jamais pour boire (ce serait du temps de danse gaspillé). Elle n’en a pas besoin, car avant de venir danser elle a bu 4 litres d’eau pour ne pas tomber raide morte de déshydratation.
En fin de soirée, les autres danseurs, usés, la regardent en se demandant : » Mais elle est montée sur pile ou quoi ? »
Quand le DJ arrête la musique, La Machine à Danser ne comprend pas. Elle ne s’est pas rendu compte qu’il n’y a plus qu’elle sur la piste et qu’il est 5 h du mat.
Précision : La Machine à Danser ne commence jamais sa journée de boulot avant 11 h 30…
Le Blasé
Le Blasé n’arrive plus à trouver un cours de salsa qui lui plaise : il a suivi les cours de toutes les écoles, a pratiqué tous les styles de salsa, a répondu présent à tous les stages et a visionné toutes les vidéo salsa du Web.
Selon lui, aucun professeur n’est à la hauteur. Quand on lui parle d’un nouveau prof, il le critique déjà alors qu’il ne le connaît pas encore. Pourtant, le Blasé va quand même aller tester son cours, histoire de pouvoir le critiquer un peu plus devant ses élèves.
Quand il assiste à une démonstration de salsa faite par des danseurs hyper-doués, le Blasé va s’approcher de spectateurs admiratifs et leur dire que les danseurs n’étaient pas bien en rythme, qu’ils n’ont rien fait de vraiment nouveau, qu’ils n’ont pas une bonne technique ou que leur tenue vestimentaire ne casse rien, et qu’il a vu beaucoup mieux à PortoRico ou à Cuba.
Le Blasé n’achète plus de disques de salsa, car toutes les musiques se ressemblent et tous les chanteurs ont le même type de voix.
Le Blasé a dansé dans tous les endroits salsa possibles, mais aucun ne lui plaît vraiment. Quand il repère un client » régulier » d’une boîte salsa, il va lui demander dédaigneusement pourquoi il vient ici toutes les semaines, qu’est-ce qu’il peut bien trouver à cet endroit où la piste est petite, où il fait chaud, où le DJ est nul, où les danseuses ne savent pas bouger, où la musique l’endort etc… Lui connaît des endroits bien plus agréables à Rome en plein air.
Quand il va danser, le Blasé n’est jamais content :
soit il y a trop de monde, soit il n’y en pas assez,soit il fait trop chaud, soit la clim le fait frissonner,soit le son lui casse les oreilles, soit il n’entend pas la musiquesoit la parquet glisse, soit ses semelles s’accrochent sur le sol…Mais… pourquoi ne se met-il pas au tango argentin ?
La Transsexuelle
Si, si, si, c’est un fille, je vous assure. Remarquez, on pourrait franchement s’y tromper : contrairement aux autres individus de son sexe,
La Transsexuelle n’accorde pas le moindre regard aux danseurs masculins sans partenaireLa Transsexuelle a retenu le nom de toutes les passes (en cela, sa mémoire est largement supérieure à celle des représentants du sexe opposé)La Transsexuelle ne ressemble en rien à la Salsera Sexy et Canon (elle porte toujours des pantalons informes)La Transsexuelle est hyper-concentrée et ne dit pas un mot en dansantLa Transsexuelle danse avec une autre fille.Dans son passé, lorsqu’elle prenait des cours de salsa, la Transsexuelle était systématiquement celle qui faisait fuir les garçons (on n’a jamais su pourquoi). A force d’être seule, résignée (et surtout pour se passer le temps pendant les cours), la Transsexuelle s’est astreinte à apprendre les pas en fille et en garçon.
Une fois » adulte » en salsa, la Transsexuelle s’est lancée dans les soirées, mais là, horreur, le supplice a continué, toujours pas d’invitation de la part de ces messieurs (et on n’a jamais su pourquoi non plus).
Comme elle n’est pas du genre à se morfondre, la Transsexuelle a pris le taureau par les cornes et a décrêté que désormais, elle serait Danseur.
Souvent, la Transsexuelle s’obstine à danser en rueda, ce qui en perturbe beaucoup le déroulement : les danseuses » normales » tombant sur elle après un » Dame » ont subitement un doute (me serais-je trompée ?, se disent-elles). Le pire, c’est le » ocho » après le » al medio » : là, plus personne ne sait où il habite, qu’il soit danseur ou danseuse.
Si par bonheur (ou malheur ?), un danseur (un vrai) invite la Transsexuelle, il s’en souvient toute sa vie, ou plutôt, ses bras s’en souviennent. En effet, la Transsexuelle a perdu l’habitude de se faire guider (en fait, elle n’a jamais su ce que c’était) et oppose donc une résistance forte, quoique inconsciente, aux initiatives du danseur. D’ailleurs, la Transsexuelle ne ressent aucun plaisir à danser avec le sexe opposé, elle qui a l’habitude de décider de tout.
Mais rendons à la Transsexuelle ce qui est à la Transsexuelle : elle contribue à l’équilibre des soirées et permet aux filles en sur-nombre de faire moins tapisserie. C’est donc un être louable, en général de bonne volonté, et surtout, indispensable à la survie de l’espèce Salsera.
La salsera de Province
La Salsera de Province se sent seule. A chaque fois qu’elle se connecte sur le forum parissalsa, elle a un petit pincement au cœur. On y parle souvent de la Pach, des quais, de la casa et autres lieux qui restent pour elle des noms obscurs qui n’évoquent rien. Tout cela est si loin !
Dans le meilleur des cas, si elle habite une grande ville, la salsera de Province peut danser dans une seule boîte de nuit (située à 50 km) qui propose une soirée salsa une seule fois par semaine. Et c’est là qu’elle mesure tout l’écart qu’il peut y avoir entre Paris et la Province, car attention, en Province, une soirée salsa, ça veut dire 25% de salsa, 50% de zouk et 25% de disco-latino.
Et dans la » soirée salsa « , elle retrouve systématiquement les 3 seuls danseurs de la région qui connaissent cette danse. Et elle va passer la soirée à faire les 10 mêmes passes qu’ils connaissent à eux 3.
Alors au bout d’un certain temps, la salsera de Province décide de salsifier sa région. Elle crée une association où elle va donner des cours de salsa. Tâche non aisée car elle-même ne connaît que 15 passes, donc son répertoire va être vite épuisé. Qu’à cela ne tienne, elle ira à la Capitale suivre un maximum de stages, quitte à y consacrer tous ses jours de RTT.
Motivée, la salsera de Province fait même venir un professeur de La Capitale pour un stage dans sa région. Elle est obligée de casser les prix et de puiser dans sa propre réserve pour financer le déplacement dudit professeur, car si elle propose un stage à plus de 50 centimes l’heure, les autochtones ne viendront pas, c’est évident.
La salsera de Province organise une fois par mois des vraies soirées salsa, où, en général, elle n’arrive pas à faire venir plus de 25 personnes… dont les 3 salseros déjà cités plus haut (c’est sûr qu’elle aurait plus de succès en organisant une soirée choucroute ou des rifles)…
La Salsera de Province est toute excitée lorsqu’elle monte à La Capitale pour un congrès de Salsa ou pour sa 1ère soirée à la Pach. Elle en prend plein les yeux sur place mais n’ose danser avec personne… car elle prend en pleine figure la faiblesse de son niveau.
Pourtant elle progresse pendant son séjour à Paris, et sur le chemin du retour, elle est décidée plus que jamais à tout péter chez elle : en plus des cours de son assoc, elle va former une troupe, donner des spectacles, multiplier les soirées… et peut-être même organiser son propre Congrès. Mais 3 jours après son retour dans son trou perdu, elle déprime.
La Salsera de Province, c’est un peu un caliméro loin de sa famille.
Au bout de 2 ou 3 ans, on ne trouve plus trace de la Salsera de Province…. Elle est montée à la Capitale.
Le Mufle
Le Mufle est l’opposé du Bon Danseur Gentil. Il n’a pas d’état d’âme. Non seulement le Mufle est une synthèse vivante du Danseur Fou, du Blasé, du Danseur-qui-ne-sourit-jamais, du Maestro, du Radin, des Dents de la Mer, de la Tornade et de la Star (version masculine), mais en plus il présente les stigmates suivants :
Quand le Mufle aperçoit une danseuse de sa connaissance, il va l’inviter sans prendre la peine de lui dire bonjour au préalable. Mais à y réfléchir, l’expression » inviter » n’est pas du tout appropriée : le Mufle ne demande pas son avis à la danseuse, il lui prend la main et l’amène d’office sur la piste.Si le Mufle sait que sa danseuse préfère la salsa cubaine, il lui impose la portoricaine (ou vice-versa).Si une fille a le malheur d’inviter le Mufle, le Mufle va la déshabiller du regard, la jauger de haut en bas, et s’il juge qu’elle n’est pas le sosie de la Salsera Sexy et Canon, il lui assène un râteau sans appel. Puis, sous les yeux de la fille, il va sans complexe inviter la Salsera Sexy et Canon (enfin, inviter… cf. plus haut)Lorsque l’envie de fumer le prend, le Mufle va se planter au bord de la piste, allumer sa clope et asphyxier les pauvres salseros en œuvre qui ont le malheur d’être à côté de lui. Remarquez, l’expression » au bord de la piste » n’est pas non plus appropriée, car le must pour le Mufle, c’est de trouver un autre Mufle avec qui fumer et discuter, et le meilleur endroit pour cela, c’est bien sûr le milieu de la piste, là où les non-Mufles se démènent. Le Mufle est lunatique et redoutable. Il peut très bien avoir royalement ignoré pendant un an une danseuse qu’il voyait chaque semaine sur les pistes, et un beau jour, la considérer comme la meilleure proie de la soirée (cf. les Dents de la Mer). La particularité du Mufle, c’est qu’il a mis au point sa technique de drague en s‘inspirant d’un autre animal : le python (il étouffe peu à peu sa proie). Démonstration : le Mufle danse une première fois avec la fille, et quand la musique se termine, il maintient sa main dans la sienne, ne lui laisse pas la plus infime chance d’être invitée par un autre danseur, et enchaîne danse sur danse. Si la fille prétexte qu’elle est fatiguée et va s’asseoir, il va s’installer à la même table qu’elle et lui tenir la conversation sans la laisser parler. Si la fille fuit aux toilettes pour respirer un peu, il va l’accompagner jusqu’à l’entrée et guetter sa sortie. Seule issue pour la proie : asséner à son tour un râteau mortel en lui disant qu’elle est mariée au Roi de la Piste.
La race du Mufle, contrairement à celle de la Transsexuelle, n’est pas indispensable à la survie de l’espèce Salsero. Si vous en rencontrez un troupeau, vous pouvez l’exterminer… sans état d’âme.
La Chasseuse
La chasseuse se décline en deux types : la Chasseuse-dragueuse et la Chasseuse-danseuse. Nous passerons rapidement sur le premier type. La Chasseuse-dragueuse a appris à danser la salsa dans un unique but : avoir des atouts pour séduire et se taper un maximum de salseros. Vous pouvez aisément imaginer son portrait.
Observons le spécimen du 2ème type, dont le comportement est beaucoup plus riche et intéressant, et que nous appellerons par commodité la Chasseuse (tout court).
La Chasseuse est souvent plutôt bonne danseuse, mais elle ne se fait jamais inviter par un garçon. Et pour cause, c’est elle qui invite. Toujours. En effet, la Chasseuse ne veut pas dépendre du bon vouloir de ces messieurs, car elle ne supporte pas de voir les autres filles danser alors qu’elle-même fait tapisserie.
La Chasseuse est calculatrice. Lorsqu’elle arrive dans une soirée, son ordinateur interne évalue immédiatement la quantité de danseurs invitables (c’est-à-dire bons danseurs -tant qu’à faire, puisque c’est elle qui les choisit, elle ne va pas en inviter des mauvais).
Si le résultat de l’évaluation est inférieur au seuil de 10, la Chasseuse part œuvrer dans un autre lieu.Dans le cas contraire, la Chasseuse commence… à chasser.La proie préférée de la Chasseuse, c’est évidemment le Bon Danseur Gentil. Mais comme c’est un peu trop facile pour elle, la Chasseuse s’attaque aussi à d’autres gibiers. Certains lui donnent du fil à retordre, mais imaginez sa jubilation lorsqu’elle arrive à détourner une composante d’un Binôme !
La Chasseuse est incapable de vous dire comment les chansons se terminent. En effet, quand elle danse et sent la fin d’une salsa approcher (pour ça, elle a de l’instinct), elle se déconcentre totalement de la danse et de la musique pour se consacrer de nouveau à la chasse : elle repère sa future victime, et pour être sûre que celle-ci ne s’échappera pas, elle tire plus ou moins son partenaire du moment vers la proie, tout en continuant de danser. Technique d’approche INFAILLIBLE.
Le seul problème que rencontre la Chasseuse, c’est que certaines danseuses finissent par comprendre sa stratégie… et font pareil qu’elle. La Chasseuse est alors contrainte de changer de territoire.
L’évangélisateur
L’évangélisateur est dans 99% des cas un Salsolique, mais d’une espèce particulière. En effet, il a été auparavant Salsero de Province, ou bien, il a divorcé d’un Boulet, ou encore, il a vécu l’expérience suivante :
Il a été convié à une noce où tout le monde était cordialement invité à amener des disques pour la soirée. Tout content, il a pris tous ses CD de salsa, en a emprunté à la CDthèque de sa ville, et a même été jusqu’à en acheter des neufs qui n’étaient pourtant pas en promotion (dans le train, son sac de CD pesait 20 tonnes !). A la noce, vient enfin le moment où il est arrivé à convaincre le DJ de passer un de ses disques de salsa (après une argumentation de 30 mn). Il entend SA musique, se précipite sur la piste et là… le no man’s land. Tout le monde assis, sauf lui.
Quelle que soit son origine, l’Evangélisateur est quelqu’un de gravement traumatisé, mais il a décidé d’agir et d’entrer en sacerdoce. Son but dans la vie, ce sera de convertir son entourage à la religion salsa.
Mais ce n’est pas facile. Voici un échantillon des phrases qu’il a entendues de ses proches, lorsqu’il est entré en terrain vierge :
La salsa, c’est quoi ?La salsa, c’est une danse Brésilienne ?La salsa, j’ai déjà vu ça, c’est un truc qui ressemble à la LambadaLa salsa, c’est passé de mode !La salsa ? J’vois pas du tout ce que c’est comme musique… Ah, le zouk tu veux dire ?La salsa, ça se danse qu’à Cuba…Bref, l’Evangélisateur a failli renoncer à sa Croisade. Mais ce serait oublier qu’il est de la graine des Salsoliques. Il a donc pris son courage à 4 mains et a persévéré dans sa démarche. Il a traversé des passages heureux et moins heureux.
Pour convertir son collègue du même bureau, l’Evangélisateur lui a passé à longueur de journée des CD de salsa (ceux achetés pour la noce, entre autres). Un vrai bourrage de crâne. Le pauvre collègue a été renvoyé car il n’arrivait plus à se concentrer et faisait du mauvais travail. Du coup, se retrouvant au chômage, l’ex-collègue a eu du temps libre et s’est inscrit dans un cours de salsa.
Evangélisation réussie.
Mais ça ne se passe pas toujours aussi bien. Exemple avec sa sœur : pour l’amener à un cours de salsa, il a dû attendre son anniversaire et lui dire qu’il lui offrait une soirée-surprise à cette occasion. Il avait tout prévu : le cours de salsa, le repas dans un restaurant latino, puis la soirée dansante dans un endroit sympa, intime (et latino, cela va de soi). Il n’avait pas réalisé que sa sœur était née un 31 Décembre, par conséquent, que le cours n’avait pas lieu ce jour-là, que le restaurant ne proposait pas de menus à moins de 700 F (107 euros), et que l’endroit soi-disant intime était bourré à craquer.
La sœur a eu la confirmation de ce qu’elle pensait depuis un certain temps : son Evangélisateur de frère faisait bien partie d’une secte (appelée salsa) qui lui faisait perdre toute notion de la réalité.
Evangélisation ratée.
Parfois, l’Évangélisateur a rencontré des succès plus étonnants (si si, ça lui est arrivé). Il ne faut pas croire que l’évangélisateur soit forcément un grand danseur, c’est surtout un médiateur hors pair. Il aime tellement la salsa qu’il diffuse autour de lui une constante bonne humeur et communique ardemment sur le sujet. Ses ouailles écoutent avec une certaine curiosité cet être si convaincu et n’ont qu’une envie, croire en lui et le suivre.
Il est devenu Gourou.
Lors d’une dernière évangélisation très réussie, ses nouveaux disciples ont été si pratiquants qu’ils sont devenus un organisme multicellulaire complexe fanatique et évangélisateur à son tour. D’autres nouveaux fidèles sont accourus de partout et ont assailli les évangélisateurs de questions.
» Où apprend-on ? Combien de temps pour danser (mieux que vous) ? Où sort-on ce soir ? Et demain ? Comment ça, y’a rien ce soir ? »
L’Evangélisateur-devenu-gourou n’arrive plus à fournir.
Mais… vous ne croyez pas que vous devriez l’aider ? Ce ne devrait pas être bien difficile pour vous…
La Guimauve
Vous êtes assise. Un air de salsa endiablée commence. Un charmant danseur, propre sur lui, bien sous tous rapports, vous invite. Charmée, confiante, vous le suivez sur la piste sans vous poser de questions. Et après la première passe, vous avez compris, ça y’est, vous êtes tombée sur la Guimauve.
La Guimauve n’est pas une espèce très courante dans le milieu salsa, mais elle existe (en version féminine comme en version masculine), et vous saviez qu’un jour, vous tomberiez dessus et danseriez avec.
Vous avez toujours été fascinée par la capacité qu’a une Guimauve à économiser ses gestes lorsqu’elle danse. Jamais vous n’avez vu transpirer une Guimauve, même sur une timba. C’est normal, la Guimauve ne bouge pas plus d’un muscle à la fois, et danse exclusivement en bord de piste, juste en–dessous du ventilateur (au risque de se prendre les pieds dans ceux des danseurs assis). La Guimauve peut mettre la même chemise ou T-shirt 5 soirées d’affilée, elle ne sentira pas mauvais.
La Guimauve ne danse pas deux salsas de suite, c’est trop épuisant. Curieusement vous voyez souvent la Guimauve aller prendre un verre; pourtant la déshydratation n’est pas un danger pour elle. En fait, la Guimauve fait des pauses.
La Guimauve, contrairement à ce qu’on pourrait penser, guide plutôt bien. Exception : la Guimauve ascendant Guimauve. Celle-là vous fait faire des passes, mais chaque fois, vous flottez dans le brouillard le plus complet : une setenta ? une copelia ? un sombrero ? Vous ne ressentez pas d’impulsion, vous ne savez pas si elle veut vous diriger à gauche, à droite, en avant ou en arrière… Rien, vous ne sentez rien. Si vous faites le contraire de ce qu’elle veut, la Guimauve ascendant Guimauve vous regarde sans réaction, en attendant que VOUS repreniez les rênes. Le pire, c’est quand la Guimauve ascendant Guimauve a les mains moites. Sans commentaires. Vous préfèreriez danser avec une poupée gonflable.
La danse préférée de la Guimauve dans une soirée salsa ? Le zouk.
Molle la Guimauve est, molle la Guimauve restera. A vous faire regretter le Danseur Fou. C’est pour vous dire.
Monsieur Propre
Comme la Guimauve, Monsieur Propre ne danse pas deux fois de suite, mais pour d’autres raisons. Son problème à lui, c’est qu’il transpire facilement et beaucoup. Il a beau ne choisir que des T-shirt légers, sans manches, qui le moulent et mettent en valeur ses superbes muscles, il n’y a rien à faire, au bout 2 minutes, il ruisselle. Et pour lui, danser avec un T-shirt mouillé est totalement inconvenant… Alors Monsieur Propre vient en soirée avec une valise : il transporte 4 serviettes-éponges, et aussi un stock de 5 T-shirts pour pouvoir se changer.
Comme la salsera Sexy et Canon, Monsieur Propre va souvent aux toilettes, mais pas pour se pomponner. Il va se laver les mains. C’est vrai quoi, à force de toucher les mains de toutes ces danseuses, il ne sait pas ce qu’il pourrait attraper comme cochonnerie.
Sur les quais, on l’identifie vite.
Lorsque Monsieur Propre veut s’asseoir sur les gradins, il étend d’abord un grand mouchoir sur lequel il pose son postérieur. Monsieur Propre ne veut pas risquer de tacher son pantalon (car ça, il n’en a pas d’autre en stock).Entre deux danses, Monsieur Propre regarde ses chaussures et enlève la petite poussière blanche qui s’y est déposée.Contrairement au Radin, Monsieur Propre ne boit pas dans les bouteilles qui sont mises à disposition, car il ne veut pas risquer d’attraper un microbe.On se demande comment Monsieur Propre a pu se faire contaminer par le virus de la salsa…
Le Solo
Le Solo, homme ou femme, a toujours considéré que les Organismes Multicellulaires Complexes, les Boys Band, les Ruedamaniaques et les Binômes étaient une incongruité de la nature Salsa.
Lui, c’est seul qu’il s’éclate. La piste peut être remplie de Mufles, de Danseurs Fous, de Touristes, de Tornades et que sais-je, ça lui est égal, le Solo ne les voit pas. Parce que, quand il danse, le Solo est dans son trip. Même une salsera Sexy et Canon, fraîchement revenue de Cuba, qui fait un tembleque d’enfer à 3 cm de lui ne le trouble pas ; imaginez l’affront pour elle.
Pour s’échauffer, le Solo danse un certain temps de manière classique. Puis soudain, le voilà qui fait sa salsa à lui. Alors là, pas la peine de chercher si c’est de la cubaine, de la portoricaine, de la colombienne, ou d’un mix. Ca ne ressemble à rien de ce que vous connaissez : un bras jeté en l’air, une contorsion du buste absolument inédite, une jambe entortillée sur l’autre, un pied à la hauteur des oreilles… Mais où est-il allé chercher tout ça ?
Les salseros regardent le Solo d’un air bizarre, certains se marrent, d’autres se moquent de lui à haute voix (de toutes façon, le Solo ne voit rien et n’entend rien non plus, les railleries des autres ne vont nullement le troubler).
Et beaucoup l’envient secrètement d’être tant à l’aise et si sûr de lui sur une piste.
Le Petit-salsero-devenu-Grand
Vous l’avez connu tout débutant, s’appliquant laborieusement à faire son pas de base, un peu raidoche, maladroit, et… sans beaucoup de grâce. Vous avez pensé : le Petit Salsero, il a du boulot, mais au moins, il ne peut que progresser. Vous l’avez encouragé.Quelques semaines plus tard, vous avez revu le Petit Salsero répétant inlassablement dans un coin de piste une passe apprise en cours, écoutant les conseils d’un ami du cours Avancé. Vous vous êtes proposée de lui servir de partenaire, et par conséquent, avez accepté de sacrifier une heure de votre soirée à faire la même passe.Quelques mois plus tard, vous avez revu le Petit Salsero dévorant des yeux les couples de danseurs, essayant de mémoriser tout seul de nouvelles passes. Il fait appel à vous pour » essayer un truc qu’il vient de voir « . Attendrie, vous acceptez de servir de cobaye. Indulgente, vous lui pardonnez la contorsion douloureuse de vos bras et le coup de coude que vous avez stoïquement pris dans la figure.Quelques semaines plus tard, vous voyez le Petit Salsero évoluer avec aisance sur la piste. Vous vous dîtes : ma parole, on dirait qu’il a dansé la salsa toute sa vie ! Vous êtes sa danseuse quasiment attitrée. Bonheur.Le Petit Salsero sort brusquement de votre vie. Il est allé danser dans des endroits plus nobles.Un beau jour, par hasard, vous le retrouvez. Vous n’en croyez pas vos yeux, c’est le Roi de la Piste, toutes les danseuses se l’arrachent, il paraît même qu’il ferait partie d’une troupe. Vous vous avancez vers lui, le croisez et… non, vous n’avez pas rêvé, il ne vous a même pas dit bonjour. Le Petit Salsero est devenu Grand. Trop Grand. Si Grand que ça lui est monté à la tête.
Co-auteurs: Salsita/Pdecap
Mi Vida Es Cantar
Dès les premières notes d’un morceau, Mi Vida Es Cantar s’interrompt au milieu de sa conversation pour entonner le premier couplet avec le chanteur (ou la trompette), s’excuse auprès de son interlocuteur (« J’adooore cette chanson ») et n’en continue pas moins de fredonner alors même que celui-ci essaie (mais pas longtemps) de poursuivre la conversation. Mi Vida Es Cantar est incapable d’écouter une chanson sans la chanter (s’il la connaît), ou sans la décortiquer (s’il ne la connaît pas encore, car il faudra qu’il puisse la chanter plus tard !)
Sur la piste, on a a parfois l’impression que la voix de la chanson sur laquelle on danse est doublée. On se retourne et on comprend que Mi Vida Es Cantar est dans les parages. Utile lorsque le niveau de la sono est trop faible.
Mi Vida Es Cantar adore danser la salsa, mais pas autant que la chanter. Confondant les deux disciplines, il danse, tout en braillant à tue-tête les paroles, provoquant des réactions variées parmi ses partenaires :
– résignée : « Il va encore pleuvoir… »
– agacée : « Tu chantes ou tu danses ? »
– curieuse : « De quoi ça parle ? »
– ébahie : « Mais tu les connais toutes ? »
– préventive : « Tu la connais celle-là ? Non ? Alors je t’invite ! »
– stratégique…: « Quelle belle voix ! »
– respectueuse : « Tu parles espagnol ? »
– interloquée : « Tu m’as parlé ? »
– amusée : « Tu chantes aussi les cuivres ? »
– intéressée : « Ca veut dire quoi, cantar ? »
– polie : « Oh. Tu chantes bien. »
– grinçante : » T’as jamais su l’espagnol, tu chantes en phonétique ? »
– surenchérie : « por eso canto canto canto » …
.. car Mi Vida Es Cantar rencontre parfois son alter ego sur les pistes !
Dans ce cas, lui qui d’ordinaire se sent plutôt seul et incompris, ne se sent pas de joie, et pour faire entendre sa belle voix, il ouvre un large bec et beugle – pardon, chante- à s’en faire péter le gosier… Si vous vous retrouvez en train de danser avec Mi Vida Es Cantar, avec à côté un de ses clones, vous allez vous sentir frustrée : la personne avec qui Mi Vida Es Cantar est en train de s’éclater sur cette chanson, ce n’est sûrement pas vous…
Autre situation inconfortable pour la danseuse : Mi Vida Es Cantar lui débite quelques phrases de la chanson (qu’elle ne comprend pas) tout en la regardant avidement et de manière lubrique. Est-ce une déclaration d’amour ? Se moque-t-il d’elle ? Mystère.
Pas vraiment » enchantée « , la danseuse refuse une seconde danse et Mi Vida Es Cantar » déchante « …
Article tiré de salsafrance
Enorme ! J’espère juste ne pas me retrouver dans une catégorie…
Laure
Tu m as bien fait rigolé….a tour de rôle je me reconnais parfois dans l un ou l autre profil.C est marrant , ça dépend du moment…de la soirée…de l ambiance…Ça m à fait plaisir de lire tes anecdotes. Merci!!!
Tu m as bien fait rigoler….a tour de rôle je me reconnais parfois dans l un ou l autre profil.C est marrant , ça dépend du moment…de la soirée…de l ambiance…Ça m à fait plaisir de lire tes anecdotes. Merci!!!
Un très viel article qui que j avais trouvé qui ne se périme pas même 15 ans plus tard :)